Je rêve d’une oeuvre éternelle…

David-Minh TRA dans maison de pecheurs Wajima
David-Minh TRA dans maison de pecheurs Wajima

Je suis en train de travailler dur sur la suite de “Japon, qui es-tu ?”. Je consulte à nouveau mes photos de voyage au Japon et je tombe sur cette photo prise dans la maison de pêcheurs à Wajima, dans la “Bretagne” japonaise.

Je me souviens j’étais si heureux cette nuit-là. Tout le monde dormait et moi, j’étais rempli d’idées loufoques pour vous faire visiter la maison en partant de l’extérieur jusqu’à atteindre le salon. Vous vous souvenez de la séquence ? j’ai vraiment adoré la tourner et la mettre en scène ! Il m’était impossible de dormir, j’étais trop excité à mettre en oeuvre mes idées. La suite vous la connaissez, même sans avoir beaucoup dormir, cela ne m’a pas empêché d’aller pêcher tôt le matin avec la famille. Vous pouvez revoir la scène directement ici à 20 min 41 sec,
 
Vous savez, je suis ingénieur dans les Nouvelles Technologies depuis 14 ans. J’aime ce métier mais ce qui me frustre c’est que dans ce domaine ultra concurrentiel, on doit faire les choses très vite sans pouvoir les finir ni les peaufiner. On produit quitte à laisser des bugs et on met à jour… internellement.
 

J’ai toujours été attiré par l’Art car les plus belles créations qui ont nécessité du temps sont restées éternelles, immortelles.

 
Depuis que j’ai eu le déclic pour devenir un Réalisateur de webséries documentaires après mon 1er voyage au Japon en 2008, j’ai voulu produire une création qui restera éternelle, immortelle. Tout le contraire de ce que je vis en informatique où toute “création” meurt aussi vite qu’elle a été créée. Voilà pourquoi chaque vidéo épisode de “Japon, qui es-tu ?” prend autant de temps à être réalisée. Je ne prétends pas avoir créé une oeuvre, mais je veux fonder quelque chose qui restera tel quel, sans mise à jour, sans avoir eu la pression d’un actionnaire qui m’aura demandé de couper telle ou telle scène au montage. Une fois qu’un épisode est publié, je sais que j’aurai enquêté, analysé sur chaque sujet jusqu’au bout, je sais que j’aurai écumé le maximum de sources et que chaque plan, chaque musique ou pixel aura été étudié. J’ai appris avec le temps la différence entre “reportage”, qui consiste à recueillir à leur source des informations d’actualité, et le “documentaire” qui est un genre cinématographique s’appuyant sur des documents pour décrire une certaine réalité et qui veut établir une description minutieuse, voire tenter l’explication.
 

À cette définition académique, j’ai voulu ajouter à la série documentaire “Japon, qui es-tu ?” une chose que je trouve dans le Cinéma mais pas forcément dans le Documentaire : un supplément d’âme.

 
YouTube a ses règles et le bureau de Londres m’ayant contacté par téléphone récemment me les a gentiment rappelées : leur robot ne comprend les notions d’Amour du travail, ni la qualité mais il s’appuie sur la fréquence, le nombre de vidéos publiées par semaine ou par mois dans le but de placer le maximum de pub. Soit on les respecte et on vit avec le système (donc on sera mieux classé, mieux recommandé, mieux rémunéré, on aura plus de vues, plus de fans et donc plus de célébrité, etc…), soit on ne les suit pas et on en est exclu. Comme je n’ai jamais reposé mes créations sur l’argent trop insignifiant de YouTube face aux coûts de production de “Japon, qui es-tu ?”, j’ai gardé mes positions depuis l’époque où le mot “Youtubeur” n’existait pas encore. J’ai choisi mon camp : la Liberté. La liberté de produire, de publier ce que je veux et quand je le peux. Ma seule contrainte est restée la même : ma satisfaction et le bonheur du travail fini.
 
Dans ma vie professionnelle, j’ai parfois un peu souffert de la pression des chiffres (rentabilité, retour sur investissements) et “Japon, qui es-tu ?” était et reste encore aujourd’hui un exutoire pour moi qui est un amoureux de créations originales. Cette série me permet d’aller au bout de quelque chose, de finir un projet, de tenter d’approcher la perfection avec les petits moyens que j’ai en ma possession. J’ai toujours aimé être épaté par les grands Artistes qui ne comptent pas leurs heures ni leur santé pour créer des oeuvres merveilleuses. Je me suis donc libéré des chiffres, libéré de tout système pour créer une série avec le coeur. Juste ça. J’ai passé tellement de temps à soigner mes tournages que je ne peux pas bâcler la réalisation au montage.
 
J’ai de la chance d’avoir votre patience, d’être compris par vous tous, j’ai de la chance de lire vos messages, de lire vos commentaires, d’avoir établi un lien fort avec vous tous durant toutes ces années. J’essaie dès que je le peux de venir dans vos villes pour vous rencontrer et savourer tout ce que “Japon, qui es-tu ?” a pu vous faire ressentir. Car c’est bien grâce à cette série qu’est née cette fraternité entre nous. J’espère réussir à faire perdurer le plus longtemps possible mes créations documentaires à travers vos regards. “Japon, qui es-tu ?” est une série très personnelle et au fond de moi… j’aimerais beaucoup qu’elle puisse rester immortelle…
 

David-Minh TRA

 
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