Je souhaite vous partager mon expérience ici sur le marché du travail. Il y a beaucoup à dire. J’ai appris énormément par l’expérience. Je sors d’une grande conférence sur le sujet avec des intervenants de très grande qualité (des français ayant vécu 14 ans ici, la chambre de commerce internationale française, de jeunes PVTistes, etc…).
Voici les dernières recommandations mises à jour suite à l’ouverture des frontières :
1. Le Japon porte une très forte importance sur le diplôme :
Les secteurs les plus porteurs en ce moment sont l’IT et le digital marketing. Dans l’IT, c’est surtout la programmation. Mais hélas, si vous êtes doués mais que vous n’avez pas au minimum une licence en France, c’est très dur (voire impossible) de trouver un travail.
Pourquoi ? Car pour travailler il faut trouver un poste et la société doit vous sponsoriser. Et pour effectuer les démarches auprès de l’immigration, le niveau licence est le minimum. Niveau ingénieur : c’est évidemment le Graal en IT. Il y a un besoin énorme en digital marketing et les outils de CRM mais peu de candidats. Pourtant, les cadres français en digital marketing sont nombreux en France. La raison ? Le Niveau JLPT N2 minimum est exigé.
2. Le Japon est à 2,6% de chômage seulement.
Le Japon a récemment fait sauter les exigences du visa à cause du coronavirus car il doit faire face à une énorme pénurie de main-d’oeuvre. C’est le 4ème pays mondial à recruter des étrangers pour combler ce déficit. Mais derrière ce chiffre super bas du chômage qui ferait fantasmer n’importe quel président du monde entier… il y a beaucoup d’emploi précaires occupés par des étrangers issus de l’Asie du Sud-Est. Le Japon est très friand et accueille à bras ouverts les gens hautement qualifiés (longues études, importants diplômes, bac+5, expériences professionnelles convaincantes).
3. Les points forts d’un français pour le marché japonais.
Les français sont reconnus pour leur excellente créativité de façon générale. Dans le domaine de la communication, les français sont recherchés mais… il est nécessaire d’avoir le niveau N2 JLPT. L’art français, la gastronomie française, la mode française, etc… ce sont les atouts chaudement valorisés ici.
4. Les modes de candidature au Japon
Le mode français avec le dépôt de candidature spontanée est très rare ici. Vous sortez des cases. Ce n’est pas très japonais comme démarche. Cela demande de vous mettre dans une case de la part des RH. Les sociétés font appel très souvent aux cabinets de chasseurs de tête. Les RH sont joignables par LinkedIn mais sachez qu’elles sont souvent ensevelies de messages. Les candidatures en anglais sont suffisantes pour une première approche. Mais tôt ou tard, très souvent et en fonction des jobs, on demandera encore N1-N2 en niveau de japonais.
5. Le langage japonais
Vous voyez que parler le japonais est quasiment obligatoire. Pour remédier à ça : profiter du CPF pour une formation en japonais. Si vous avez la chance d’être à l’école genre école de commerce ou fac comme Inalco à Paris, accrochez-vous ! Oui, apprendre ça peut être très difficile mais la vraie vie au Japon l’est encore plus !J’en ai chié, j’en chie et j’en chierai encore plus tard.
6. Posture en entretien
Démontrer son envie d’être au Japon. Ça paraît banal mais beaucoup ont échoué car ils ont importé leur culture qui est trop différente de celle au Japon. Le Japon est une culture remplie de codes. J’ai beau avoir appris et maîtriser correctement plein de codes de vie grâce à ma profonde étude de la culture et de l’histoire du Japon pour expliquer en documentaires ce qu’est la vie aujourd’hui. Mais il faudra probablement une vie entière pour peut-être tout apprendre. Montrer l’envie de s’adapter et ranger ses principes de « valeurs propres à votre pays », c’est indispensable. Ce qui est revenu souvent durant la conférence, c’est la capacité à écouter et accepter les silences. En France, on a l’habitude de s’écouter soi-même, de moins écouter les autres au travail et de combler le silence. Ici au Japon, on écoute les autres avant tout. Les moments de silence sont légions. On parle quand c’est nécessaire. En France, le silence en réunion ou en conversation, ça jette un froid. Mais ici, on prend le temps de la réflexion. Écouter l’interlocuteur est extrêmement important. Ce qui est revenu très souvent lors de cette conférence : il faut vraiment respecter ce qu’ils sont. En France, une partie d’entre nous aime critiquer. C’est notre culture. Mais elle ne s’exporte pas du tout ici. Donc les sujets sensibles sont à éviter : leur politique, le plastique, l’usage de la climatisation h24, les baleines en sushi…
7. L’argent.
Que ce soit pour un visa de PVT avant la fin de ses 30 ans ou autres… mettez de l’argent de côté. Ça facilite plein de choses administrativement. Je crois que sur ce point je ne vous apprends rien : le Japon est un pays au coût de la vie « cher » comparé à d’autres pays du monde.
8. Les codes de la vie au Japon
Impossible de résumer en 2-3 lignes. Achetez des livres pour vous former, suivez des documentaires comme les miens ou ceux diffusés à la TV comme ARTE qui parlent des codes comportementaux dans la vie japonaise. Des codes, il y en a plein. Et c’est nécessaire de les connaître : degrés de courbures du salut dans le monde des affaires, comment tenir sa carte de visite, maîtrise du Keigo, retirer ses chaussures quand on rentre chez quelqu’un, jamais planter ses baguettes dans un bol de riz à table, etc… cela semble basique quand on maîtrise ces codes. Mais j’ai fait l’exercice de poser par écrit tout ce que je sais et je réalise que ce n’est pas aussi évident de tout retenir pour le débutant qui veut apprendre.