Retour d’expérience sur une étape de ma vie à Tokyo au Japon

Première fois de ma vie que je m’exprime à 100% en japonais devant un public. À Tokyo, ma série d’examens a débuté par l’oral où il a fallu parler de soi… en japonais ! Jamais de ma vie, j’ai dû me présenter,

face à des professeurs japonais,
des étudiants japonais d’une université de Tokyo,
et 2 classes d’étudiants issus du monde entier,

après seulement 2 mois et 3 jours de cours.

Se présenter poliment,
Utiliser le bon langage,
Savoir user des bons gestes,
comme se courber à 45 degrés et non à 90 degrés.

Choisir les bons mots,
Car… purée, le japonais,
C’est une langue à 1000 nuances !
Des nuances que je ne peux même pas traduire
En français, vietnamien ou anglais.

J’ai analysé toutes les vidéos d’oraux
des années précédentes,
J’ai soigneusement décortiqué les vidéos des profs.

Construire un discours est déjà un exercice pas simple
Qui de plus doit être prononcé en japonais,
Sans aucune lecture de notes 🗒,

Quand j’ai commencé à concevoir mon histoire,
Je n’ai pas pu m’arrêter.
Les idées me sont venues en masse.
Mais il a fallu trier, écrire puis améliorer.

Une fois mon histoire écrite,
Je me suis dis que je devais tenter un risque :
Écrire un mini sketch à la fin.

Il m’a fallu trouver comment faire rire
Sans froisser ni choquer au Japon.

Je me disais « comment faire ça face à autant de diversité culturelle ce jour-là ? ».

Car il y avait aussi les élèves issus du monde entier.
Alors j’ai tenté,
Et ça a marché.

Pour revenir au déroulement depuis le début de l’épreuve,
La longue liste d’élèves devait tirer un hiragana au sort
Qui déterminera son passage.
Tout se passe dans une ambiance bienveillante,
Avec une de mes deux professeurs japonaises
qui a vraiment un talent pour être maîtresse de cérémonie.
Elle manie le mime, le jeu, l’autodérision, le show.

Je passe vers la fin. Donc j’ai le temps de voir défiler.
Là, la tension monte de plus en plus,
Et c’est hyper interessant de voir le résultat du travail
De ses camarades. De voir comment ils s’en sortent,
Quels mots ils ont choisi…

Comme c’est une épreuve qui nous a tous stressé,
Naturellement, une envie collective de se soutenir s’est produite. Les plus mal à l’aise tremblaient déjà
rien que de voir leurs amis au tableau.

Plus le temps passe, plus on arrive à moi.
J’ai beau déjà avoir donné des conférences,
Devant de très nombreuses personnes,
Mon cœur battait bien plus fort cette fois-ci !
Parler dans une langue que je ne maîtrise pas
C’est me mettre dans une condition inconfortable.

Mais je dois vivre cette expérience inédite une fois dans ma vie.

Écoutez bien ce qui m’a marqué
Dans les lignes suivantes.
C’est un type pas forcément brillant
Mais il m’a inspiré par son culot.

Un camarade qui vient du Pérou âgé de 25 ans,
est passé juste avant moi.
Je n’attendais pas forcément grand-chose de lui,
Il n’a pas forcément un très bon niveau en japonais,
Mais rien ne semblait le perturber. Aucun stress.

Il a parlé de lui, il s’est défendu avec ses armes,
Et à un moment donné, Il a dit qu’il était compositeur.
Il a osé chanter !

Ça représentait peut-être 3 % de sa soutenance,
Il chantait tellement bien,
Ça a mis une ambiance génial dans la salle,
J’ai adoré son culot.
J’aime quand une personne,
apriori pas forcément à son avantage,
Ose se battre à fond avec ses armes,
Joue le jeu et tente un risque.

Tout de suite je me suis dis,
« Comme par hasard il passe juste avant moi. »

Je ne crois pas aux coïncidences.
Tout a une raison…

J’ai pris son passage comme un signe venu d’ailleurs,

Un message pour moi : il fallait que je rajoute 3% de folie à mon discours. Un piment à bien placer pour mon speech.

J’effectue donc mon discours en japonais.
Pour cette épreuve, j’ai décidé de m’habiller de la façon la plus élégante possible.

Je parle en japonais. Bien que mon débit de langage soit (à mon goût) encore lent puisque je suis débutant, je me suis appliqué à bien construire mes phrases.

Dans mon histoire, j’avais préparé une mini partie sur ma passion pour la danse. Suite au culot du péruvien, et l’ambiance chaleureuse que la professeure a mis dans la salle, l’idée m’est venue au dernier moment d’improviser une danse :

j’ai exécuté le MoonWalk 😂

La salle a adoré.

Puis je suis allé au bout de ma tentative de sketch en japonais à la fin qui a fonctionné. Ce n’était pas gagné mais je ne regrette pas d’avoir demandé de l’aide à la prof et appelé une amie japonaise à Tokyo la veille de mon oral pour formuler mon récit final. Même pour une phrase courte, il a fallu presque 1 heure pour traduire 1 phrase ce que je voulais dire ! Et je voulais aussi vérifier au téléphone que ma blague pouvait passer auprès de vrais japonais.

On ne sait jamais…

Cette épreuve, quelque que soit le vote du jury,
J’en suis super fier.
Ça a clairement débloqué un truc en moi. Depuis ce jour-là, j’ai gagné plus d’aisance à parler dans la rue !

Là, je ne parle que de millimètres d’avancée. Peut-être insignifiants auprès des gens qui parlent couramment mais ce sont des millimètres énormes pour moi.

Car je sais que je suis parti de rien, que je n’ai jamais autant appris dans une langue étrangère de toute ma vie en si peu de temps.

Je sais qu’il me faudra du temps pour savoir parler japonais. L’apprentissage est une course de fond qui va tester ma patience, mes nerfs et mon calme. Mais cet apprentissage va plus loin que le simple fait de pouvoir parler : c’est une amélioration certaine de ma résistance sur le long terme.

Même en anglais ou en vietnamien,Jamais je n’ai dû concevoir un discours aussi tôt.

Je me disais « ne serait-ce peut-être pas trop tôt? »
Quand la date fatidique arrive,
Nous élèves, âgés de 13 ans à 23,30, 40 ans ou plus,
On a juste eu le temps de foncer.

C’est après coup que j’ai réalisé
que cette étape était géniale !
Ça a libéré un truc en moi à l’oral.
J’ai réalisé que je savais plein de choses
Mais qu’il me manquait une mise à l’épreuve pour les dire.

Parfois on perd du temps à se poser trop de questions,

Ici, finalement ce qui a été génial,
c’est que le temps de s’en poser,
On ne l’a pas eu.

Il fallait juste faire confiance à l’école et son expérience dans l’enseignement,

puis FONCER…

Je viens de finir la série d’examens.
Ces 2-3 dernières semaines ont été passionnantes,
Bien qu’éprouvantes.

Mes 2 femmes profs nous ont rendus addictifs à leur cours.

Tout l’apprentissage a été présenté comme un jeu. Par contre, la pression du travail personnel était très forte à 2 semaines avant la série d’examens.

Je vis les choses de l’intérieur.
Je réponds concrètement à toutes les interrogations que j’avais quand j’étais en France.

J’espère que mes témoignages vont éclairent pour vous-mêmes ou pour vos enfants par exemple.

Désormais, je suis vidé.
Les japonais m’ont mis à bout,
Ils m’ont poussé dans mes limites.

JE NE PRÉTENDS PAS ENCORE BIEN PARLER EN JAPONAIS.

Je fais encore des erreurs.
Cependant, je sens que je peux le faire.
Le temps et les efforts testeront ma résistance.

Je réalise que je me sens bizarre d’avoir enfin une pause.
Car j’étais dans un « flow » où j’étais à fond dans le dépassement de moi-même pour tenter l’impossible.

Je souhaite à n’importe qui parmi vous de tenter l’expérience.
Et ce, quelque soit votre âge.
Car oser aller vers ce qui nous inspire,
C’est aussi se donner la chance de côtoyer des gens qui nous complètent. Car quand on se dirige vers un domaine qui nous parle, les gens qui y sont nous ressemblent. C’est là qu’on peut créer des points de connexion intéressantes qu’on aurait jamais pu avoir si on était restés dans notre routine.

Dans mon cas, ce n’est pas seulement une connexion avec des japonais mais aussi des gens du monde entier qui ont tous un rêve énorme à réaliser.

C’est dans cette énergie là que j’aime vivre :

L’ENTRE-AIDE,
VOIR LA VIE COMME UN JEU,

DE LA BIENVEILLANCE,
DE L’ENCOURAGEMENT COLLECTIF,

ET VIVRE CHAQUE JOUR DE SA VIE À 100%

Pour le vivre à fond,
Je vous le dis :
étudier une langue est une CHANCE ÉNORME.

Et si vous pouvez ne serait-ce que consacrer 5 minutes par jour sur quelque chose qui vous donne de l’énergie sans effort (jouer au football, dessiner, chanter, apprendre une langue difficile…), tout ce qui vous tracasse ou vous pèse au quotidien vous semblera bien plus facile à ignorer. Car vous aurez une passion qui hantera votre esprit et trop peu de temps pour vous entraîner à être excellent dans celle-ci.

Je ne souhaite pas juste vous sortir de belles paroles

Mais vous partager mon vécu en direct,
Pour vous faire vivre mes épreuves,
Mes doutes qui parsèment toujours des chemins qui m’inspirent.

Il m’est arrivé d’être dépité par les événements,Ce qui se passe dans le monde, les mauvaises nouvelles… tout ça est pesant et déprimant.

Ça peut décourager en effet…
mais pas suffisamment pour me faire tomber à terre.

Je ferai toujours en sorte de vous encourager à aller vers ce qui vous inspire le plus afin d’être de plus en plus INARRÊTABLE.

Courage à vous tous,
Gardez le sourire quoiqu’il arrive.

David-Minh TRA

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