La semaine prochaine, on entame les épreuves du baccalauréat. L’année de terminal S me fait remonter de très lourds souvenirs.
Cet article s’adresse avant tout à toutes celles et ceux qui ont perdu espoir et qui peuvent, en ce moment-même, douter de leur réussite que ce soit pour le baccalauréat ou n’importe quelle épreuve de fin d’année : brevet des collèges, examens à la faculté, permis B… Je veux vous donner les mots que j’aurais aimé lire ou entendre de la part de quelqu’un qui a réussi alors que rien ne prédisait une quelconque victoire… Mon année de Terminal S, en résumé c’était quoi ?
- Un Bac de français complètement raté (7/20) en première S. Peu de temps avant l’épreuve, mon père a dû subir une opération à cœur ouvert. Malgré mes efforts, j’étais encore trop préoccupé par la santé de mon père à l’époque. Une note qui a plombé pendant 1 an ma moyenne générale de Terminal S.
- Ma moyenne de classe était minable toute l’année de Terminal : elle ne dépassait pas 10/20.
- Plusieurs professeurs ne croyaient pas du tout en ma réussite future.
- Je me sentais extrêmement mal comparé à mes camarades de classe qui étaient tous majoritairement brillants.
- Je rêvais de faire une école d’ingénieurs parisienne… Quand j’en parlais à mes professeurs, on me prenait pour un fou, un débile mental.
- Je revois encore cette scène où un prof disait devant toute la classe “David veut faire une grande école d’ingénieurs à Paris… ahahah, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?” avec ce ton ironique. Une humiliation que j’avais beaucoup de mal à encaisser à 17 ans.
- Je me souviens de ce professeur de physique qui me disait “David, même le meilleur de la classe, il n’est même pas sûr de réussir en école d’ingénieur à Saint-Etienne, comment veux-tu réussir ta vie à Paris avec tes notes aussi basses ?! À ta place, je ferais tout pour rater mon Baccalauréat et refaire l’année de Terminal”.
J’avais 17 ans, j’étais tellement dépité, humilié… Je rentre chez moi et comme un imbécile je répète à ma mère ce que ce professeur m’avait conseillé de faire. Le coup a été fatal, je me suis pris une violente gifle de ma mère ! Le genre de gifle qui claque tellement fort que même aujourd’hui je m’en souviens. Ses mots étaient les suivants :
“Tu sais ce que c’est que la guerre ?! Ton père, ta mère et ta sœur, on a tout perdu et on s’est battu pour survivre, on a fui le pays, loin de notre terre, de notre famille et toi tu te laisses abattre par des paroles venant d’un prof qui lui même n’a même pas réussi à accomplir le rêve que tu veux réaliser ??! Tu veux abandonner c’est ça ??!!”.
J’ai pris immédiatement conscience de mon erreur . Pourquoi me laisser abattre par des gens qui eux-mêmes n’ont jamais réussi là où je voulais aller ?
Bref, malgré mes résultats minables en Terminal, malgré le dénigrement de certains de mes professeurs et les conseillers d’orientation qui ne savaient pas, selon moi, encourager les jeunes à aller au bout de leur rêve, je me suis battu. A côté des études, après les cours, je passais mon temps à la librairie tout seul pour réfléchir à l’avenir que je pouvais m’offrir. Une fois que j’avais trouvé ma voie, j’ai su que je devais passer par une école d’ingénieurs. Inscrit à plusieurs concours, j’avais tenté ma chance partout. L’Ecole que je voulais absolument intégrer, je m’y suis rendu, j’étais venu en costume. Après les épreuves de Maths, Physique, Anglais et Français et (me semble-t-il) de Culture Générale, je me suis retrouvé en épreuve orale devant cette professeure au CV impressionnant (recherche et développement en informatique, auteure d’ouvrages à succès sur la thermodynamique, a voyagé et travaillé pour de très grands groupes industriels…). Sa 1ère question était très directe : “Quelle a été votre plus grosse responsabilité ?”. Après avoir écouté attentivement ma réponse, elle semblait vouloir couper court à l’entretien et d’une voix très décidée, sa dernière phrase était “Vous avez de grandes chances de réussir ces 5 prochaines années M. David-Minh TRA, à bientôt…”.
Quelques jours après mon court séjour à Paris, de retour à Saint-Etienne, je reçois un courrier : je suis ADMIS en école d’ingénieurs sous réserve d’obtention du Baccalauréat. Un coup du sort incroyable : je détenais entre mes mains l’occasion de renaître après 2 ans d’enfer au lycée. Finalement, j’ai fini par obtenir mon Bac in extremis.
Arrivé à Paris, le challenge n’était pas gagné car obtenir le Baccalauréat était une chose mais valider étape par étape les 5 années qui se présentaient devant moi était loin d’être une tâche facile. La 1ère année, je me suis battu pour me prouver que j’avais ma place dans cette école d’ingénieurs. Je suis passé du groupe des derniers de la classe en Terminal S à 7ème meilleur élève sur une classe de 90. Et dire que j’étais le seul de cette classe d’ingénieur à avoir obtenu le bac au rattrapage face à tous ces élèves ayant obtenu le bac avec mention…
J’ai réussi à aller au bout des 5 années d’études sans avoir redoublé une seule année scolaire de toute ma vie. Je peux vous le dire, le jour de la remise des diplômes, ce fameux papier avait une saveur de victoire que je ne pourrai jamais oublier de toute ma vie… car j’avais réussi à incarner mes propres convictions et avoir la fierté de réussir des études difficiles.
La morale dans tout ça ?
En ce moment, même si rien ne vous démontre que c’est possible, si vous vous répétez mentalement que vous allez y arriver, à un moment où l’autre, la vie va finalement vous donner raison.
Au moment de mes 17 ans, en ce fameux mois de juin à 7 jours du Baccalauréat, je pense que j’aurais aimé avoir un frère qui me prononce ces mots pour me relever la tête de cette dépression dans laquelle j’étais en train de m’enfoncer. Alors aujourd’hui, comme un grand frère, je m’adresse surtout à toi cher lycéen(ne)/étudiant(e) qui pourrait connaître la même souffrance psychologique et cette série d’humiliations. Crois en toi en ignorant tout ce que le monde peut penser car tout le reste n’est que du bruit. Les bruits du monde superficiel.
Parfois, il suffit juste de s’isoler, d’écouter le silence de l’âme et suivre son intuition. Juste foncer, croire en toi et travailler dur. La vie fera le reste.
Courage à vous tous, chers lycéens, pour cette dernière ligne droite dans les révisions.
Une chose est sûre : RIEN N’EST IMPOSSIBLE DANS LA VIE.
David-Minh TRA