Depuis le quartier de Shinjuku à Tokyo, je veux simplement vous partager un nouveau moment de VICTOIRE pour moi.
Certainement insignifiant auprès d’autres personnes. Mais ce moment, je le savoure presque même comme un diplôme ou une importante victoire d’étape significative dans mon parcours de vie.
Aujourd’hui, j’ai accompagné durant toute la journée une amie pour qu’on résolve 4 tâches avec l’administration japonaise.
Parmi les choses à régler : elle commence par avoir des premiers symptômes de maladie. J’ai donc appelé la mairie de Tokyo, j’ai posé des questions pour obtenir les adresses et les numéros de téléphone de 4 meilleures cliniques à Tokyo près de Shinjuku, j’ai pu appeler une de ces cliniques, expliquer pas à pas en japonais les symptômes de mon amie, expliquer qu’elle est déjà dotée de la carte d’assurance maladie japonaise, j’ai pu réserver un rendez-vous pour elle…
Le tout en japonais !
À la fin de l’appel, tout à coup, je me suis dis :
Je rêve ? J’ai passé plusieurs appels, j’ai parlé sûrement une demi-heure à expliquer des choses dont j’étais TOTALEMENT INCAPABLE de dire il y a de cela quelques mois… tout en japonais ?!
David-Minh TRA, Jeudi 18 Août 2022, Shinjuku Tokyo.
J’ai utilisé pour la première fois le champ lexical en japonais concernant la médecine.
J’ai vécu sous une pression infernale durant 1 an et demi à apprendre cette langue que je trouve archi difficile. À force d’étudier la masse d’informations que je suis censé maîtriser, je ne me suis concentré tous les jours que sur TOUT CE QUE JE NE MAÎTRISE PAS ENCORE.
Cela crée énormément de FRUSTRATION. Parfois, il m’est arrivé de parler à ma mère au téléphone en lui disant :
Maman. Ça ne va pas du tout. J’ai la sensation que je suis nul en japonais. Que je ne sais ABSOLUMENT RIEN… j’ai encore du mal à comprendre ce qu’on me dit. Des fois, même si j’ai la connaissance grammaticale dans la tête, la phrase ne sort pas spontanément.
Souvent, j’étais lessivé, à bout.
Mais des jours comme aujourd’hui me démontrent également TOUT CE QUE JE SUIS CAPABLE DE FAIRE.
Curieusement, ma mère n’a JAMAIS DOUTÉ de mes capacités. Elle a toujours perçu ce que je ne vois pas durant ma vie intense en immersion au Japon. Ici, je n’ai pas trop eu le temps de penser mais tout juste le temps d’AGIR et surtout de FONCER.
Aujourd’hui, c’est peut-être un petit pas insignifiant pour les autres japonais ou pour des français vivant depuis des décennies ici. Mais pour moi, c’est un petit pas en avant avec une ÉNORME SIGNIFICATION à mes yeux.
Le genre de changement dans ma vie QUE JE DOIS ME SOUVENIR DANS LE FUTUR quand je serai confronté à des moments difficiles et où j’aurai besoin de me RAPPELER QUE J’ÉTAIS DÉJÀ TRÈS FORT MENTALEMENT DANS LE PASSÉ. Que j’étais déjà capable de fracasser des missions en apparence IMPOSSIBLES.
Autre récente victoire : Fin juillet 2022, j’ai revu une amie japonaise 5 ans après, dès mon arrivée en janvier 2021 à Tokyo. On s’était quitté en novembre 2017 quand j’étais invité par le gouvernement Japonais pour tourner des documentaires pour ma série « Japon,qui es-tu ? ».
Il y a un an et demi, à nos retrouvailles, on ne s’était parlé qu’en anglais car je n’avais absolument AUCUNE COMPÉTENCE en japonais. Je commençais à peine les cours de japonais à Tokyo…
J’en reviens pas que je la revois presque 18 mois après en étant capable de lui parler de ma vie désormais qu’en japonais… pendant 3 heures non stop.
Quelque soit la victoire acquise, mon papa m’a toujours appris qu’il faut TOUJOURS RESTER HUMBLE et ne jamais fanfaronner dans la vie. J’ai toujours suivi son conseil. Mais j’ai aussi remarqué qu’à force de ne regarder que ce que je ne connais pas, j’oublie également de savourer ce que j’ai acquis en connaissances… et je réalise que même si ce n’est pas encore parfait, je découvre que dans la vie japonaise, je peux désormais faire des choses dont j’étais TOTALEMENT INCAPABLE il y a à peine quelques mois !
J’ai vécu dans une pression scolaire intense pendant de très longs mois. Après un an et 3 mois d’études, je me suis retrouvé au même niveau avec des élèves ayant déjà étudié 3 ans de japonais voire même 10 ans. Pire encore aujourd’hui, je suis avec des élèves venant de Hong Kong ou Taïwan qui savent lire les Kanjis avec une facilité déconcertante !
À force de monter en niveau, je suis confronté à plus de difficultés et de la pression qui s’ajoute. Je vous avoue parfois, j’en ai eu marre comme en juillet récemment… c’était devenu pesant de vivre dans une ZONE D’INCONFORT PERMANENTE.
Mais un saut dans la vie réelle comme aujourd’hui me fait réaliser que tous ces sacrifices, cette pression japonaise qui me force à toujours apprendre plus vite, me montre à quel point… j’ai vraiment avancé.
Excusez-moi pour ce message écrit sans aucune structure. J’ai très envie de vous partager des étapes de ma vie ici au Japon. J’ai voulu coucher sur papier ce que je ressens de cette journée. Une journée qui reste pour moi une révélation et un pas en avant dans mon aventure japonaise.
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